Le choix d’euthanasie d’Anne Bert
(Élisabeth Dell’Accio, administratrice Fédération Jalmalv).
Conformément à sa volonté, l’écrivaine Anne Bert a été euthanasiée en Belgique le lundi 2 octobre dans un service de Soins palliatifs. (Le Monde 02-10-2017).
Atteinte de la maladie de Charcot (SLA), elle avait médiatisé son droit à décider de sa mort.
« C’est un calendrier qui ne doit rien au hasard.
Anne Bert est morte deux jours avant la sortie de son livre « Le tout dernier été » ce mercredi 4 octobre » (Le Monde 04-10-2017).
Elle a voulu médiatiser sa fin de vie pour montrer les limites (selon elle) de la loi française.
Sa décision et ses propos exprimés dans les media (interview, journaux etc.) ont déclenché un grand nombre de réactions la félicitant pour son geste et sa détermination.
Dans son choix d’euthanasie, Anne Bert se disait simple adhérente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et assurait ne pas être « une militante dans l’âme ».
Toutefois, tout en respectant sa démarche et son choix pour sa mort, à titre personnel je n’arrive pas à comprendre pourquoi Anne Bert (approuvée sur ce point par de nombreux lecteurs) met en cause la religion dans l’interdiction de l’euthanasie en France. Elle a exprimé cela dans sa lettre d’adieu publiée ce WE dans le JDD (01-10-2017) : « l’emprise du religieux catholique sur le législateur français », et encourageant à « refuser le joug religieux qui entend soumettre tous les Français à la crainte de la loi de dieu ».
Il me semble qu’il s’agit d’une grave assimilation, que cette interdiction faite par la loi française n’a rien à voir avec la religion. Il s’agit seulement (et c’est bien cela qui est important et essentiel) du respect de l’autre dans la manière de dispenser des soins, de poser au patient la question de son désir (importance des directives anticipées qui de simples souhaits s’imposent désormais au médecin dans les conditions décrites par la loi).
Cette loi, en s’interrogeant sur les problèmes de la fin de vie, invite au souci de l’altérité et au respect d’une attitude profondément éthique.
Si la situation d’Anne Bert allait devenir dramatique, s’ajoutant à la liste des précédents cas emblématiques de malades incurables (Vincent Humbert, Chantal Sébire), je crois qu’il faut entendre la formule de Jean Leonetti « A distance de l’émotion » (Le Monde 04-10-2017) :
«Ce n’est pas la première fois qu’un témoignage émouvant tente de faire basculer la loi, mais le législateur doit se tenir à distance de cette émotion » a fait valoir l’ancien député Jean Leonetti opposé à toute aide active à mourir. (Le Figaro 19 -09-2017).
La Fédération Jalmalv partage cette attitude, tout en restant très touchée par la détresse d’Anne Bert.